Les jeunes diplômés croient davantage aux compétences qu’aux diplômes

Les jeunes diplômés croient davantage aux compétences qu’aux diplômes

Les jeunes diplômés ont retrouvé le chemin de l’optimisme et de la confiance.

C’est ce que révèle le 5e baromètre de l’humeur des jeunes diplômés, publié jeudi 10 décembre par le cabinet de conseil Deloitte. Il reflète l’opinion et la situation de 1 002 jeunes, dont 45 % ont moins de 25 ans, diplômés de bac à bac + 5 et interrogés au mois de novembre.

« L’embellie observée en janvier se confirme, commente, Sami Rahal, le DRH de Deloitte. 70 % d’entre eux sont en emploi, soit 10 points de plus qu’en janvier et essentiellement à plein-temps ». En janvier 2014, 60 % étaient en poste et un an plus tôt, ils n’étaient que 51 %. Ils sont très majoritairement en poste en CDI (68 %) et à plein-temps (83 %). Ils ont mis moins de temps à se faire embaucher : pour ceux qui sont en poste, la durée moyenne de recherche est de neuf semaines, soit deux de moins que l’année dernière. Et un jeune diplômé sur quatre a décroché son emploi en une à deux semaines.

 

Pour les 30 % qui sont toujours en demande d’emploi, la recherche active dure évidemment plus longtemps : 21 semaines en moyenne. Mais 54 % d’entre eux ont confiance dans leurs chances de trouver un emploi dans les six prochains mois contre 42 % en 2013.

Divergence avec les DRH

La confiance à l’égard des employeurs a bénéficié de cette amélioration sur le front de l’emploi des jeunes diplômés : pour la première fois depuis l’existence de ce baromètre, la confiance à l’égard des employeurs est supérieure au taux de méfiance, à 52 %, en hausse de trois points depuis janvier. Il faut apprécier ces indicateurs sur le long terme, commente Frédéric Micheau, directeur du département opinion de l’institut de sondage Opinion Way. Car les indicateurs de confiance sont très sensibles à l’actualité. « Déjà les mauvais chiffres de l’emploi en décembre et l’attentat du 13 novembre ont fait bouger l’indicateur » précise-t-il.

Le diplôme est toujours valorisé pour faciliter l’accès à l’emploi, mais de moins en moins au fil des années et 22 % des jeunes interrogés considèrent même qu’il n’est d’aucune utilité. C’est aussi ce que pensent 17 % des diplômés des grandes écoles. Les jeunes diplômés croient davantage aux compétences qu’aux diplômes. Pour cette cinquième édition du baromètre de l’humeur des jeunes diplômés, le cabinet Deloitte a aussi interrogé 405 directeurs des ressources humaines sur ce qu’attendent les entreprises des jeunes. Il révèle une divergence sur l’appréciation du rôle du diplôme pour être recruté : « Les DRH ne sont que 3 % à trouver que le diplôme n’est d’aucune utilité ; en revanche, ils ne pensent pas qu’ils favorisent la qualité de l’emploi », note M. Rahal.

 

L'utilité des diplômes dans la recherche d'emploi

L’utilité des diplômes dans la recherche d’emploi

 

Les jeunes diplômés croient davantage aux compétences qu’aux diplômes. DRH comme jeunes diplômés constatent que ce sont d’abord les compétences professionnalisantes qui répondent à la demande des entreprises : l’efficacité, l’adaptabilité et la rigueur. Le plus important étant l’efficacité, selon les jeunes diplômés, tandis que les DRH privilégient l’adaptabilité: ils « estiment qu’un jeune n’est jamais parfaitement opérationnel lors de son entrée sur le marché du travail et que c’est son adaptabilité qui lui permettra de devenir efficace », explique Géraldine Segond, DRH adjointe chez Deloitte. Le sens de l’analyse (24 %) et l’esprit de synthèse (15 %) sont aussi plus importants que ce qu’imaginent les jeunes diplômés (17 % et 8 %).

 

Les principales compétences que les entreprises attendent des jeunes diplômés

Les principales compétences que les entreprises attendent des jeunes diplômés

Bien préparés durant leur cursus à travailler en équipe, avec de bonnes compétences comportementales et relationnelles, les acquis des jeunes diplômés ne sont pas assez pratiques. Les deux faiblesses des formations sont les compétences professionnelles et dans une moindre mesure les langues étrangères, que 40 % seulement des DRH estiment acquises par les jeunes diplômés.

Pourtant l’expatriation reste un sujet d’avenir pour 22 % des jeunes, dont 35 % envisagent d’y faire toute leur carrière. « Réalistes face à la conjoncture économique, les jeunes diplômés se prennent en main et comptent désormais sur leurs propres réseaux », conclut Sami Rahal.
Cet article a été rédigé par Anne Rodier Journaliste en charge de l’emploi et du management, Service Economie, et responsable du semestriel Le Monde-Campus et vous le trouverez en cliquant ici