Priorités éducatives : pourquoi rien ne bouge ?

Priorités éducatives : pourquoi rien ne bouge ?

Les priorités éducatives sont un sujet récurrent et pourtant rien ne semble évoluer. Comment s’y prendre ?

Avec une forte tendance à reproduire les inégalités sociales et avec des performances globales très moyennes parmi les pays de l’OCDE, le système éducatif français ne tient pas cette promesse républicaine d’égalité et d’émancipation. Et aussi, il ne permet pas à tous les jeunes d’acquérir des compétences nécessaires pour maintenir notre niveau de vie dans une économie mondialisée.

Comment, dans ce contexte, redéfinir nos orientations dans les domaines de la formation et de l’éducation ? Cet enjeu, important, de délimiter les orientations stratégiques en matière d’éducation, nous interpelle, citoyens, enseignants, chercheurs, politiques…

Le système éducatif est contraint de transmettre les savoirs, connaissances, compétences… et de faire face, aussi, aux évolutions du travail, notamment celles induites par la robotique,l’automatisation, l’émergence de l’intelligence artificielle et du digital, la mondialisation, la globalisation…

Pour maintenir un niveau global élevé de qualifications, de culture… quelle gouvernance du système éducatif pourrait être proposée ? Voici quelques pistes.

La formation initiale des futurs enseignants : un priorité éducative

Quelle pourrait être la future Université ? Les liens avec les grandes écoles ? Les formations proposées, disciplinaires, théoriques, pratiques… ? Quelle place peut-on accorder à l’interdisciplinarité, méconnue aujourd’hui ? Quelles formations au numérique (à développer certainement), aux sciences humaines (à introduire dans toutes les formations), à l’enseignement de la morale et de l’éthique ?

Le recrutement des formateurs, des enseignants, la place des ESPE (établissements assurant la formation des enseignants), le temps passé dans la formation pratique (dans les écoles, collèges, lycées), la place des différents corps enseignants (corporatisme) sont autant de questions dont on ne pourra pas s’affranchir pour faire évoluer la gouvernance du système éducatif.

La formation continue des enseignants : une priorité éducative

Cette formation existe-t-elle vraiment ? Il est nécessaire d’évaluer sa place dans le cadre du temps de travail et d’estimer sa valorisation dans la carrière de l’enseignant. La place du numérique (MOOC…), de l’épistémologie (esprit critique), des neurosciences (psychologie cognitive) pour la compréhension des processus d’apprentissage est aujourd’hui à considérer impérativement.

Les formations continues des enseignants sont-elles adaptées, performantes ? Quelles places pour les Sciences de l’Éducation universitaires, l’IFE (Institut Français de l’Éducation), les ESPE (École Supérieure du Professorat et de l’Éducation), leur valeur ajoutée ? Leurs apports dans la formation continue ?

Il faut également envisager des partenariats avec d’autres institutions formatives. Faire déplacer les enseignants dans des laboratoires de recherche, faire venir les chercheurs dans les classes… Développer, ainsi, pour les enseignants, le goût à la recherche et développer, évidemment, par suite, leurs compétences. Développer, donc, les partenariats possibles et substituer à la « grande solitude » de l’enseignant, un travail coopératif avec d’autres pour développer les priorités éducatives.

La carrière des enseignants

Comment développer une culture de la formation tout au long de la vie ? Les liens évidents avec les salaires (enseignants du primaire), la considération sociale, les rapports à l’Inspection ? Quelle valorisation, pour les enseignants, de leurs parcours de formation, de leurs parcours universitaires, de leurs titres (doctorat…), de leurs formations professionnelles (autres qu’institutionnelles…), de leurs compétences acquises en dehors de l’Université… ? Quelles possibilités, pour les enseignants, d’intégrer d’autres corps, d’enseigner en tant que formateur, d’enseigner à l’Université, de participer activement à la recherche et combattre, ainsi, les corporatismes, clientélismes, les cloisonnements inopérants dans les corps enseignants… ?

Ces questions doivent être, évidemment, résolues et permettre, ainsi, d’intégrer, dans le parcours professionnel des enseignants, une véritable politique de ressources humaines.

Une autre politique pour les élèves

Comment tenter de concevoir une autre politique éducative pour nos futurs citoyens ?

Il faudrait, déjà, développer les relations interpersonnelles dans les équipes éducatives et mettre en place des partenariats possibles pour améliorer les parcours éducatifs des enfants. Orthophonistes, psychologues, neuropsychologues… toutes ces disciplines peuvent être associées à une démarche éducative. Afin d’envisager une approche différente avec l’enfant, les aspects disciplinaires, les relations aux familles, le développement de tutorats, d’aides personnalisées…

Un autre sujet dans ce thème des priorités éducatives qui est à aborder est celui des évaluations ou de repenser la notation. Nous devons effectuer un véritable travail de réflexion sur la docimologie, l’évaluation (formative), le classement, la sélection, sur les choix des formations pour les enfants et les familles (développement des centres d’orientation scolaire)… Développer (dans le même ordre d’idée que précédemment pour les enseignants) les partenariats avec la recherche.

Créer, donc, une pédagogie de la recherche avec les enfants et permettre le partenariat avec des équipes constituées, CNRS, Inserm, universités, IUT… pour constituer de véritables « pôles recherches » où l’enfant sera acteur, créateur…comme ces projets avec le CRI (Centre de Recherches Interdisciplinaires) de Paris.

Remodeler la relation avec l’apprenant-élève

Au-delà de ces quelques idées pour une réforme du système scolaire, resterait à débattre d’un réel changement dans les formations initiales, continues des enseignants et, aussi, à redéfinir un véritable cadre opérant dans la gestion des ressources humaines de ces enseignants. Et, nous en sommes persuadés, la relation, par suite, avec l’apprenant-élève, sera remodelée…

Aujourd’hui, en France, le poids des déterminismes sociaux impacte fortement le devenir de nos enfants. La reproduction sociale est le fait de défauts institutionnels qui frappent tous les niveaux d’enseignement, du préscolaire au supérieur, il y a, donc, urgence à réformer, innover, organiser des changements conséquents dans la gouvernance du système éducatif.

Ces objectifs peuvent paraître ambitieux mais ils sont nécessaires et la priorité éducative est là !

Cet article est paru dans www.theconversation.com  : cliquez ici.

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